Hanté par les souvenirs traumatisants de sa déportation à Neuengamme, Pierre Fertil a tenté, par le dessin, de se libérer de l’empreinte douloureuse laissée par son expérience concentrationnaire. Traduire, sur le papier, les images d’horreur qui peuplent encore ses rêves est pour lui une forme d’exorcisme.
C’est par le dessin que s’exprime sa mémoire, de manière impulsive, impérative, qui lui fait utiliser le premier papier qui lui tombe sous la main (souvent un bout de journal). Cette spontanéité donne à ses œuvres une sincérité, une authenticité, un réalisme bouleversants. Mieux que des mots, les pastels et peintures de Pierre Fertil évoquent avec force la peur, la faim, la fatigue, l’angoisse, le désespoir… tout simplement le quotidien du Camp et la tragédie des évacuations.
La qualité artistique de ces dessins leur confère une beauté poignante qui renforce leur valeur de témoignage.
Y.C.